Prise en charge au cabinet du lymphoedème post-mastectomie
Le suivi des patientes ayant subi une chirurgie dans le cadre d’un cancer du sein est le plus souvent du ressort du médecin généraliste, du médecin rééducateur ou encore du rhumatologue. Ce sont eux qui vont adresser la patiente au kinésithérapeute en cas de formation d’un lymphœdème du bras dans les semaines qui suivent l’opération.
Témoignage de Christian Mercier, Le Havre, kinésithérapeute DE + DU de lymphologie.
De quelles principales pathologies souffrent les patients du cabinet ?
CM : Nous traitons essentiellement des lymphœdèmes primaires et secondaires des membres inférieurs ou supérieurs ainsi que les phlébœdèmes. Les lymphœdèmes post-mastectomie représentent les 3/4 de notre patientèle. Mais ces dernières années, nous constatons parallèlement une prise en charge accrue des lymphœdèmes des membres inférieurs et une diminution sensible des risques de formation du lymphœdème des membres supérieurs.
Quel arsenal thérapeutique déployez-vous pour la prise en charge du lymphœdème du bras ?
CM : Nous prenons en charge les lymphœdèmes post-mastectomie dans le cadre de traitements intensifs, puis d’entretien pour stabiliser l’œdème. Le protocole décongestif complet comprend :
- Des conseils sur les précautions à observer
- Des exercices de rééducation
- Des soins de la peau
- Des drainages lymphatiques manuels
- Des bandages et du travail sous bandage
- La formation des patientes à l’automassage et l’autodrainage
- Des séances de 20-30 minutes de pressothérapie, conjointement avec l’utilisation de mousses de différentes densités, tel que le dispositif Mobiderm®, entre la peau et la manchette de massage.
- Le port d’un manchon compressif dans la phase de stabilisation.
Quels résultats constatez-vous avec la pressothérapie ?
CM : Les effets sont immédiats. L’œdème est plus souple, plus facile à mobiliser. Et les patients ressentent une vraie sensation de bien-être dès la fin de la séance.
La pressothérapie fait partie intégrante du traitement et est à ce titre indispensable : elle potentialise les effets de tout le travail de rééducation fait avec le patient.
Quand l’œdème est stabilisé, nous conseillons aux patients, s’ils le peuvent, d’utiliser un appareil de pressothérapie à domicile. C’est vraiment pratique et bénéfique pour eux de pouvoir faire une séance quand ils en éprouvent le besoin, entre deux rendez-vous.
Depuis combien de temps utilisez-vous la pressothérapie ?
CM : Nous nous sommes équipés de dispositifs médicaux de pressothérapie Eureduc dès 1989 et nous étions à l’époque en relation avec le kinésithérapeute qui les a conçus ! Ce sont des produits de qualité, solides et fiables.
D’ailleurs, nous en avons actuellement 7 au cabinet pour pouvoir prendre en charge tous les patients qui nous sont adressés.
À ce propos, il semble qu’il y ait parfois des réticences de certains médecins vis-à-vis de la pressothérapie. L’avez-vous constaté ?
CM : En fait ces réticences remontent à 1985, quand l’assurance maladie a pris en charge le drainage lymphatique manuel. Certains en ont conclu qu’une prise en charge mécanique n’était pas appropriée.
Mais le regard a peu à peu changé avec les communications faites sur la pressothérapie et surtout, les bénéfices sont là ! Un drainage mécanique ne signifie pas que nous laissons les patients avec ce seul traitement ! Nous surveillons la bonne observance à toutes les étapes du protocole de prise en charge.
Merci Christian Mercier pour ce témoignage !